• Parce qu'il est de ces métiers où le savoir-être est encore plus important que le savoir-faire...

     

    Bien entendu l'un ne va pas sans l'autre... Mais à l'hôpital, il est impossible de dissocier les deux... Parce que la nature même de notre prise en charge incite à une proximité immédiate et intense, notre capacité à prendre du recul est essentielle...

     

    A l'école d'AS, on nous le rabâche pendant 3 ans... De l'empathie et NON de la sympathie... Alors évidemment, la notion est difficile à comprendre au départ... Et puis on n'en voit pas forcément l'intérêt...

     

    Et pourtant... le patient reste un être humain comme les autres... Avec une capacité certaine à prendre tout ce qu'on va lui donner... Et même, dans sa détresse, il va chercher à obtenir plus et mieux surtout... Enfin, ce qu'il croit mieux...

     

    Alors, à la sortie de l'école, on est sur ses gardes... Professionnelle jusqu'au bout des ongles... Comprenez coincée avec des oeillères... Parce que, soyons honnêtes, on ne sait rien faire... Et trouver la bonne distance encore moins... On est vite trop loin... Ou trop près... Ou trop tout... Mais pas assez pro...

     

    Après quelques baffes bien senties... On comprend.... et on apprend...

     

    Aujourd'hui, je peux entrer dans une chambre et discuter avec un patient quasi-nu sans sourciller, les machines ne m'émeuvent plus... Les plaintes, les mécontentements, les ras-le-bol, je gère... Les sourires et les mercis aussi...

    Et puis dans 99% des cas, j'en ressors entière, sans laisser des petits bouts de coeur ou d'âme... Je compatis... Oui mais pas question de pleurer avec le patient et sa famille... Chacun sa croix... Je suis là pour accompagner, alléger le fardeau... Éventuellement trouver des solutions ou des Kleenex mais pas pour me faire des amis...

     

    Des amis, j'en ai... AILLEURS... Parce que la distance professionnelle, elle est aussi avec les collègues... Si on veut que ça fonctionne une équipe, on met ses affects de côté... Mais bien sur, je ne suis pas un robot (malgré mes affinités certaines avec DARKVADOR) donc j'ai aussi des copains dans le service, des gens que j'ai envie de voir à l'extérieur, que je bisouille avec plaisir quand j'arrive au boulot MAIS... ils restent des professionnels respectables avec leurs missions propres et nos accords ou désaccords...

    La clé pour bien travailler ensemble est de se rappeler, qu'amis ou pas, il faut travailler ensemble, dans l'interet du patient... Ben oui, on est pas payé pour rigoler... MAIS POUR TRAVAILLER... Bon OK, si on le fait en rigolant c'est mieux...

     

    Mais, peut-être que je tourne un peu autour du pot... Ou du problème me direz-vous?

     

    Et vous n'auriez pas tort... Je cherche la façon, politiquement correcte de vous dire combien les employés qui fonctionnent à l'affect m'exaspèrent...

    Surtout quand ça empiète sur mon travail ou ma relation avec le patient et que ça la complique...

     

    Mes affects, je les maîtrise, en général... Et puis quand ce n'est pas le cas, le bureau de la psy est en face... Si la relation dérape, le travail d'équipe doit permettre de la stabiliser... Et puis il existe des limites à ne JAMAIS dépasser... Par exemple, filer son téléphone perso au patient... Le rappeler après l'hospi juste pour avoir de ses nouvelles...parce que lui risque d'avoir tourné la page... Et s'il ne donne pas de ses nouvelles, c'est qu'il n'en a pas envie! (ou alors juste celle d'oublier ce qu'il a vécu avec nous...)

    On sort du cadre... et le danger guette... la relation avec le patient ne peut pas être équilibrée... On est dans la relation d'aide... On donne, on reçoit un peu mais la relation est forcément déséquilibrée... ON EST PAYE pour ce qu'on fait... le patient paye pour être soigné, PAS pour être malade...

     

    Le patient EST et doit rester un patient... Il entre, on s'en occupe, il sort... Bon vent... Il ne doit pas nous manquer... Ou alors il y a mal-donne... Et puis en filigrane, le risque de lui apporter plus d'attention qu'à son voisin moins sympathique mais néanmoins tout autant malade...

     

    Alors ne perdons pas de vue nos missions, nos limites et notre bonne distance professionnelle... Elle est néfaste, pour le patient et pour le soignant...

     

    A bon entendeur...


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  • Encore aujourd'hui, sortie scolaire... Des mamans que je ne connais pas... Je reste aux sujets que je crois "bateaux"... Le funiculaire de Montmartre, les enfants à surveiller, le beau soleil bien agréable... Et puis la journée avance, on papote gentiment de tout et de rien... Et puis l'Atsem aborde le sujet des aînés qui seraient bien restés enfants uniques... Une maman soupire, dit que c'est de plus en plus difficile... Je lui propose le psy du village proche, compétent, agréable, efficace... 2 ou 3 séances suffisent pour les bobos que les parents n'arrivent plus à contrôler...

    Une autre dit qu'elle le connaît, qu'il est très bien... Et que ça l'aide pour son divorce... Et boom...Je n'ai rien demandé moi, j'veux rien savoir... Je suis en RTT... Bon, je dois avoir la tête de l'emploi... A force, je vais finir par l'admettre... (encore que quand tu vois les caricatures des AS, ça me fait bien mal d'en avoir la tête!!)

     

    http://cyberechos.creteil.iufm.fr/cyber10/Actualite/assistante/sin%C3%A9%201.jpg

    Bon je vous l'accorde... pour le décolleté de la robe... Ok... Mais c'est tout hein???!!!

     

    Mais mon questionnement ne porte pas sur ma tête mais sur les divorces qui pleuvent autour de moi...

     

    De préférence avec des enfants au milieu et pas toujours en bonne intelligence... Quant aux motifs, si l'infidélité masculine arrive en tête, les problèmes d'alcool, de violences verbales ou physiques ou de "ras le bol" tout simplement semblent ne pas rares et la liste des griefs parait non exhaustive...

     

    Et ça m'affole... Je suis mariée depuis 13 ans... Parfois c'est merveilleux, parfois c'est juste la routine du quotidien qui fait avancer... Parfois je me dis qu'il est l'homme de ma vie et parfois je me demande si l'herbe est plus verte ailleurs (ou pas)...

    Mais au quotidien, au présent comme au futur, je ne m'imagine pas vivre sans LUI...

    Alors, on fait des efforts... On s'aime, on se bouscule, on se chamaille MAIS avec respect... Parce le quotidien du couple est un tue-l'amour, il faut le réinventer sans arrêt... Prévenir, préparer, se remettre en question...

    Ce n'est jamais facile un mariage... Mais le divorce n'a pas toujours été aussi simple d'accès... Ni par la loi, ni par la morale... Et les générations qui nous ont précédés ne se sont pas entre-tuées...

    Alors d'accord,  l'hôpital, quand la dépendance liée à la vieillesse survient, les comportements ne sont pas toujours adaptés... On voit quelques femmes "soumises" devenir de charmantes pestes avec le conjoint qui ne peut plus que râler dans son lit...

    Mais tout de même... Nos arrières grands-parents et au delà, ils ont tenu le choc, non??

    Je ne pense pas que le problème vienne de la libération sexuelle comme on l'entend parfois... Des conjoints trompés, il y en a toujours eu... Et ça ne changera pas...

    Mais ce papillonnage du coeur... ça rime à quoi?

    De l'immaturité affective? Et si c'était ça le vrai problème... Nos générations savent-elles accompagner leurs enfants vers la maturité affective... Celle qui permet de ne pas douter tout le temps de son quotidien, de ses sentiments, d'accepter que l'autre ne soit pas comme on voudrait qu'il soit simplement parce que nous ne sommes pas comme il voudrait que l'on soit...

    Et si, quand on se marie, on avait oublié que c'est pour la vie?? Et qu'on oublie alors de faire les efforts qu'il faudrait?

     

    Je ne juge pas... Je ne réponds pas... Je jette un pavé dans la marre... Et je suis la première à conseiller la fuite quand le quotidien n'est plus supportable...


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