•  

    http://www.photo2ville.com/photos/france/dijon/le-jour-se-leve_grande.jpg(photo piquée sur photodeville.com)

     

    Il est une chose que j'aime faire quand j'arrive dans le service, juste avant de boire mon thé, juste avant le staff, juste avant que le service ne fourmille... J'aime aller dans les chambres de chaque malade et juste "dire bonjour"... Demander si la nuit a été douce...

     

    Je ne mets pas ma blouse pour y aller, ni mon badge... Les patients savent presque tous qui je suis... Parce qu'ils restent un moment ou parce que je me présente...

     

    On ne parle pas de leurs dossiers, ni de leurs pathologies, juste du temps qu'il fait ou qu'il fera, des infos qu'ils ont vues, de mon jardin qui manque d'eau, des vacances qui viendront bientôt, de leur sortie parfois...

     

    Lors de mon "tour du matin", ils ne sont pas vraiment  "patients", je ne suis pas vraiment "AS"... Il y a juste eux et moi... Et un nouveau jour qui commence...


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  • Ce patient, je l'ai rencontré suite à une visite "systématique"... Autrement dit, le patient est hospitalisé, paraplégique depuis de nombreuses années, on suppose qu'il a déjà des aides à domicile mais par principe, je vais m'assurer que le retour à domicile ne posera pas problème...

     

    Très vite, dès le début de l'entretien, j'ai envie de fuir... Je suis mal à l'aise... Dans ce service, les patients sont rarement très couverts... Souvent, ils ne disposent que d'un drap ou d'une chemise stérile pour protéger leur pudeur... Pourtant, ça ne me gène que très rarement... Mais lui s'expose, se découvre...

     

    Très vite, il me raconte ses traitements, sa chair, son escarre... Ne répond pas vraiment aux questions directes, il élude... Toute question sur son mode de vie amène une réponse médicale... Il s'expose physiquement... Pour protéger son jardin secret? Ou pour masquer une absence de vie sociale?

     

    Très vite, j'apprends qu'il a perdu l'usage de ses jambes suite à un accident de la voie publique... Il me noie de détails médicaux et techniques sur les appareils qui le maintiennent en vie...

     

    Très vite, je bafouille, je gaffe... "Bon alors, pour les aides à domicile, ça roule?"... Trop forte l'AS!! Vocabulaire recherché et adapté! Mais là encore, il me dit: "OUi vous avez raison, pour rentrer dans l'ambulance, je fais un roulé-boulé car ils ne peuvent pas me soulever!"... L'image me fait sourire, il s'esclaffe...

     

    Très vite, je sors... Je me  sens inutile, voyeuse, monstrueuse...

     

    Et puis j'attends, qu'il change de secteur, et surtout, j'espère un transfert...

     

    Et puis, je culpabilise... Je ne suis pas là pour aimer les patients mais pour les aider...

     

    Et puis, je fuis sa chambre, je me contente d'un bonjour rapide quand je fais "mon tour du matin"...

     

    Mais ce matin, alors que je faisais le point sur les sortants avec le médecin... Elle dit: "Ouf, il est transféré mercredi Monsieur X", je n'en peux plus! Personne ne le supporte..."

     

    ALors j'ai trouvé ça étrange, ce patient pourtant compliant, peu exigeant, jeune et souriant que tout le monde a rejeté..

     

    Des patients, malades et obèses, il y a en a souvent... Mais des impudiques rarement...

     

    Et puis j'ai compris ce qui m'avait déroutée... Ce patient, il parlait de son corps comme de celui d'un autre... La maltraitant à force de consommation inadaptée de sucreries, l'exposant et en parlant à la 3eme personne...

     

    Alors, je me suis dit que, peut-être c'est sa souffrance d'être prisonnier d'un corps malade que je n'ai pas supportée...


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  • http://www.senioractu.com/photo/art/default/1340274-1768710.jpg?v=1289414342

     

     

    Hier, Vampirella est venue au bureau... Pour une fois j'ai pu donner, pour une fois, j'étais contente d'être en surpoids!

     

    Oui parce que mon poids de forme, inférieur à 50 kg, ne me permet pas de donner...

     

    Bien entendu, je n'ai pas pu m'empêcher de leur faire un petit malaise... Mais avec une tension de départ à 10/7, je ne pouvais pas faire des merveilles...

     

    Comme ça, j'ai eu droit à 2 stylos cadeau au lieu d'un!! Vous rigolez, mais les stylos, c'est denrée rare au boulot!

     

    Cela dit, donner son sang, ça ne fait pas mal, ensuite vous avez droit à une collation... Le bon pretexte pour s'empiffrer, surtout après un malaise...

     

    Et puis c'est utile!!

     

    Voila pourquoi en quelques chiffres clès:

     

    19 dons nécessaires par minute (10 000 dons par jour nécessaires en France pour 9h de collecte/ jour, 365 j/an).

    10 donneurs mobilisés chaque minute (1,8 million de donneurs / 365j / 9h par jour).
    En moyenne les donneurs donnent 1,8 fois par an. Donner, redonner…
    114 malades reçoivent des produits sanguins par heure (1 million de malades / 24h sur 365j/an).
    1 million de malades soignés chaque année grâce aux dons de sang.
    10 000 dons de sang nécessaires chaque jour pour couvrir les besoins des malades.
    1,7 million de donneurs en 2010 dont 360 000 nouveaux donneurs.
    3 millions de dons effectués en 2010.
    153 sites fixes de prélèvement sur tout le territoire.
    40 000 collectes mobiles par an.
    La durée de vie des produits sanguins est courte : 42 jours pour les globules rouges et 5 jours pour les plaquettes.

    NB : ces chiffres sont des moyennes.

     

     

     


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  • Ou la vie à tout prix...

     

    Question de point de vue...

     

    C'est ce pourquoi je les admire... Leur capacité de croire, encore et toujours en la vie, à se dire que ce n'est toujours pas fini alors que j'aurais renoncé depuis longtemps...

     

     

     

    Il faut parfois un optimisme hors norme, une certaine dose d'inconscience ou un espoir infini pour accompagner vers la vie alors que tout laisse à penser que l'heure de partir est venue...

     

     

     

    Cette semaine, j'organise un retour à domicile en hospitalisation à domicile... Ce monsieur, son service d'origine a tenté de l'accompagner dans sa fin de vie... Contre la volonté de la famille... Qui a exigé et obtenu une réanimation... Contre les recommandations en cours pour sa pathologie... A la limite de ce que MOI je considère comme un acharnement thérapeutique...

     

    Mais la famille a choisi la vie à tout prix, au prix de la trachéotomie que le patient refusait... Elle l'a contraint à choisir la vie... Au nom de l'amour... ALors les docteurs ont suivi... Avec l'accord de leur patient...

     

    De mon point de vue, c'est une souffrance qu'on ne devrait pas imposer à ceux qu'on aime...

     

    De leur point de vue, ils ont gagné 6 mois... 6 mois d'amour... 6 mois de présence supplémentaire de leur Papa...

     

    Alors nous les accompagnons dans ce retour à la maison... Retour pour mourir entouré des siens... Les filles du monsieur m'expliquent: " Notre papa c'est une..............Maman!"... Limite, si elles pouvaient l'empailler... Nan je plaisante, je suis cynique...

     

    C'est fort ce qu'elles expriment, de l'émotion, de l'amour à l'état brute... Leur angoisse est palpable, leur envie de le garder près d'elles, pour elles aussi... Pourtant ce papa, ils leur a permis à toutes de quitter le domicile, de se marier, de vivre avec ou sans le voile... Il leur a appris à aimer, à partager, à s'unir et à se battre pour la vie...

     

    Ces femmes, dans leur douleur, dans leurss espoirs, c'est une grande leçon de famille qu'elles me donnent...

     

    Alors j'essaie de les accompagner au mieux, de faciliter leur projet mais aussi de les préparer au pire... De leur faire accepter l'inévitable... De le laisser partir, par et avec amour...

     

    Elles ont compris je crois... Et l'une d'elle m'a pris la main... En pleurant, elle m'a remerciée d'avoir orienté le médecin vers l'HAD plutôt qu'un service de soins de suite... Et puis elle m'a dit, grâce à vous, nous aurons des calins supplémentaires...

     

    Alors, je me suis revue, 14 ans plus tôt, refusant la transfusion pour ma mère, par amour, pour qu'elle ne souffre plus, parce que c'était son désir... Je suis retournée dans mon bureau, versant quelques larmes pour ses filles aimantes, et puis pour moi aussi, pour avoir refusé de prolongé SA vie,3 jours de plus...peut-être par lacheté...


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  • Mais quoi??

     

    Et bien leur AS en colère et en grève aussi...

     

    Ils ont du caractère... Moi aussi...

     

    On peut se battre pour des idées... Aucun problème...

     

    Mais la crise pour cause de Jet lag... Non merci...

     

    ALors les mots ont volé, la porte a claqué et la grève a été décrétée!

     

    Une fois de plus, le precepte :" Quand on ne fait rien, on est pas critiqué!" s'est révélé juste...

     

    Hier, alors que je demandais aimablement à un des docteurs de remplir un document que j'attendais depuis 10 jours, il a explosé de rage et de colère à mes dépens... Bien entendu, ceux qui me connaissent savent que la réplique a été digne du plus grand tremblement de terre... A l'avenir, vous m'appelerez Tsunami!

     

    J'ai claqué la porte, donné le cours prévu à des internes et des externes ébahis mais quelque peu admiratifs... (Ben non, je n'ai pas peur de leurs chefs!)...

    Et puis, j'ai prévenu la mienne... PLus d'AS sur le secteur de remplacement jusqu'à lundi... Parce que c'est trop facile d'invoquer le décalage horaire ou l'incompétence des uns et des autres pour justifier une attitude irrespecteuse...

    Parce que, justement, on ne dit jamais rien à ceux qui ne font pas leur boulot...

    Parce qu'on croit que, sous mes airs de pépette blondinette, je suis gentillette (ça rime),

    Parce qu'on croit que je râle mais ne mords pas...

    Parce qu'on croit que, sous pretexte de l'intêret premier du patient, je vais tout accepter...

    Et bien NON, et c'est justement dans l'intêret du service à rendre que je ne puis tolérer un tel traitement...

     

    Ils vont devoir s'organiser, se calmer, remballer leur arrogance, aprrendre à travailler en équipe... D'ailleurs, la majorité l'a compris dès la 1ere semaine... Pour les autres, mon arme fatale sera la grève, ou la mauvaise volonté...

     

    Parce que finalement, il est si facile d'oeuvrer uniquement dans l'intêret du patient et non du service dans un hôpital...

     

    Vous avez dit "peste"?

     

     

    J'assume... Et puis super-chef me soutient... Et quelque chose me dit que lorsqu'elle est en colère, elle est bien pire que moi...


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