• De la solitude du travailleur social...

    Permanence... Une demi-heure de rendez-vous par assuré...

    Elle a 50 ans, elle est éduc spé., une fille ado, divorcée...

    Elle pleure...

    Je sors les kleenex, j'attends... Aborde l'entretien... Elle s'excuse de pleurer... Mais de venir me voir lui rappelle la mort de son fils...
    Je cherche, me tais... Elle reprend: " Non pas vous, les lieux"...

    Je respire, je n'ai pas zappé son histoire... Je ne la connais pas...

    Elle raconte, la maladie, la souffrance, la mort, la divorce et puis la dépression et maintenant l'invalidité...

    La formation et la reconversion envisagée... Parce qu'il faut continuer à vivre... A vivre sans... A vivre avec... Sans l'enfant...  Avec l'absence... Avec le deuil qui ne peut pas se faire... Le deuil viscéral... Le deuil hors nature... Celui de l'enfant...

    Le problème est financier, le reste, elle apprend à gérer, au jour le jour... Elle ne peut plus exercer son métier... Accueillir des parents qui n'ont pas fait le deuil de l'enfant "normal"... Leurs douleurs...

    Elle ne sait pas comment payer ses factures... Les indemnités journalières sont suspendues, l'invalidité pas encore versée... Mais il n'y a pas de rupture de prestation... Elle ne rentre pas dans les cases...
    Un comptable dirait qu'elle subit un "décalage de trésorerie"...

    Mais moi, je ne suis pas comptable... Je peux juste la renvoyer négocier un découvert bancaire, lui dire que je n'ai pas de solution... Je peux juste écouter... Et regretter intérieurement les restrictions budgétaires...

    J'aurais pu titrer: "De l'inutilité de l'assistante sociale..."... Mais je veux encore croire qu'ailleurs, on a encore un rôle...


  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :